La saga Boréalia : une improvisation XXL

Ce jeudi 19 septembre, le conseil municipal d’Amiens a entériné les modifications du Plan local d’urbanisme permettant l’ouverture à l’urbanisation des terres agricoles du quartier de Renancourt dans le cadre du projet de ZAC BOREALIA 2.

La PATAT dénonce un nouvel épisode dans ce dossier avec l’apparition d’un projet de gigafactory, qui n’était nullement mentionné dans l’enquête publique de cet été, et qui renforce l’impression que sur ce dossier Amiens et Amiens métropole n’ont pas de boussole autre que l’artificialisation des sols.

Amiens métropole : contre la loi et sans le soutien de l’Etat

La PATAT note avec satisfaction que les services de l’Etat confirment l’analyse portée par l’association et ayant justifié le dépôt d’un recours contre la création de cette ZAC.

En effet, le dossier soumis au vote des élus révèle que le Préfet de la Somme, consulté, a transmis un avis défavorable. La Direction départementale des Territoires et de la Mer rappelle l’incompatibilité de cette mesure avec les objectifs de la loi Climat et résilience en matière de lutte – et réduction – de l’artificialisation des sols.

Le portail de l’artificialisation indique que près de 295 ha ont été artificialisés pour Amiens Métropole entre 2011 et 2020. Or, la loi prévoit que d’ici 2030 le rythme de l’artificialisation soit divisé par deux en attendant le Zéro Artificialisation Nette pour 2050, soit 150 hectares pour toutes les 29 communes de la métropole.

La saga Boréalia – épisode gigafactory

Episode 1 – le dossier de création de la ZAC en juin 2021 décrit un projet d’implantation de 60% de logistique à proximité d’habitations et du nouveau quartier de Renancourt.

Episode 2 – face à la mobilisation de centaines de citoyens, à l’avis défavorable de la mission d’autorité environnementale, à l’interpellation d’élus, au scepticisme de la ministre de la Transition écologique et des services de l’Etat, Amiens métropole a verdi son projet, à faible coût, en promettant que 5 des 62 hectares soient consacrés à une activité de maraîchage.
Dans le même temps, l’ambition logistique était minimisée au profit d’activités plus “vertueuses”, de type ‘’économie dite verte’’ participant à la transition énergétique.

Episode 3 – lors du conseil municipal du 19 septembre 2024, le projet est défendu au nom de la « promesse » d’accueil d’une gigafactory sur cet emplacement.

Gigafactory, de quoi parle-t-on vraiment ?

Ne soyons pas trompés par le terme anglais de « gigafactory », qui sonne comme une « beautiful story » à nos oreilles francophones mais qui ne signifie rien d’autre que « usine géante » en français. 

Selon les informations transmises en conseil municipal, ces usines pourraient occuper à Renancourt une surface de 20 à 57 hectares – soit potentiellement l’intégralité de la surface de la ZAC Boréalia 2 (trois parcs de la Hotoie) … bien loin donc des plans initiaux de 2021 qui prévoyaient plusieurs parcelles égales ou inférieures à 20 hectares.

En réalité, le dossier sur lequel se sont prononcés les élus parle d’installation « d’intérêt national majeur de l’industrie verte pour une France décarbonée’’.  

Une lecture du décret du 5 juillet 2024, faisant suite à la loi « industrie verte » d’octobre 2023, révèle que ces installations peuvent inclure un large éventail de productions industrielles, sous réserve d’aider (un peu) à décarboner l’activité économique : véhicules électriques, pompes à chaleur, isolants, machines industrielles, chimie des engrais, chimie des carburants de synthèse, traitement des déchets…

Ces entreprises ne sont pas sans impact sur l’environnement, et sur la qualité de vie des habitants : consommation excessive en eau, besoins électriques gigantesques nécessitant des installations d’acheminement d’électricité de grande ampleur, manipulation de produits à risque… Selon la taille de l’entreprise accueillie, les estimations du trafic routier, tout comme l’étude des impacts environnementaux de ce projet réalisés en 2021 et 2022, pourraient s’avérer totalement obsolètes et inadaptés.

Des citoyens toujours autant ignorés

L’enquête publique a été décidée au mois de mai 2024 par la Maire d’Amiens. Elle s’est donc déroulée, pendant un mois, en pleine période estivale peu propice à la participation du public, comme en témoigne le faible nombre de contributions (7).

C’est d’autant plus regrettable que la dernière information reçue par les riverains date du 30 juin 2021 et n’évoquait aucunement des usines XXL à proximité de leurs habitations.

La PATAT réitère donc son appel à interrompre ce projet. Elle invite également à reposer les bases d’un développement du territoire dans le respect de la loi Climat et résilience et des habitants de la métropole.

Partager cette information !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *