Extension de la ZAC Jules Verne : la PATAT contribue à l’enquête publique

Le projet d’extension de la ZAC Jules Verne soulève cinq points de préoccupation que la PATAT a porté à l’attention de la commissaire-enquêtrice afin que des réponses y soient apportées à l’issue de l’enquête et que les conditions d’autorisation du projet en tiennent compte.

1- Le bois Grassouillet : dedans ou dehors ?

Ce bois porte une grande part de l’intérêt écologique de la zone du projet. Sa préservation est acté par le dossier. Son emprise est même exclue du périmètre présenté de la ZAC.

Pourtant, l’entreprise Tiamat attendue sur ce secteur a communiqué un plan d’aménagement qui implique la suppression du boisement (voir courrier picard du 22 mars).

D’où quelques questions :

  • Comment ce bois peut-il être intégré à la ZAC ultérieurement, faire l’objet d’une demande d’autorisation de défrichement avec mesures de compensation, sans que cette demande soit intégrée à la demande d’autorisation environnementale en cours d’enquête publique ?
  • Comment la demande d’autorisation environnementale peut-elle affirmer le maintien du bois en connaissance de l’intention de le supprimer?
  • Dans quelle mesure la suppression de ce bois ancien de plusieurs décennies sera-t-elle réellement compensée?

2- Étendre la ZAC, oui mais pourquoi ?

Si l’on met de côté le sujet du bois Grassouillet, l’implantation seule de Tiamat dans la partie sud de la ZAC n’appelle pas d’opposition la part de la PATAT.

Mais Tiamat seule ne justifie pas l’artificialisation des terres du reste de la ZAC.

La partie Nord du projet sera découpée en petites parcelles. Or, aujourd’hui, c’est pour disposer de grandes parcelles non disponibles ailleurs, notamment dans les friches et autres terrains à convertir, que l’artificialisation de terres peut encore a minima se justifier, comme dans le cas de Tiamat.

Le découpage proposé actuellement pour la partie Nord du projet n’est pas compatible avec cette justification.

Quant à l’extension de l’entreprise Igol, supposée occuper la partie centrale de la ZAC, la PATAT n’a pas connaissance d’engagement de l’entreprise qui justifierait réellement l’emprise projetée. On pourrait imaginer qu’il s’agit d’un prétexte pour autoriser le projet quitte à revoir le découpage parcellaire une fois l’autorisation environnementale donnée.

3-Développement économique et création d’emplois bien sûr mais …

Posés comme premiers arguments à l’artificialisation des terres, la PATAT rappelle qu’il est important de coopérer entre territoires plutôt que de persévérer dans la logique individualiste et actuelle de compétition entre territoire.

  • Sur l’emploi, la justification apportée par les élus et acteurs économiques locaux, c’est d’abord d’apporter une solution au chômage local. Or, seul un demandeur d’emploi sur cinq considère la proximité géographique comme le critère prioritaire de sa recherche d’emploi (source France Travail, avril 2019). Un emploi créé sur un territoire relativement restreint (Amiens, Amiens Métropole) n’est donc pas nécessairement occupé par une personne originaire de ce même territoire. Par ailleurs, en France, seule un tiers des embauches bénéficie à un demandeur d’emploi (source Observatoire des territoires, 2016). Ainsi, il est important de souligner qu’une création locale d’emplois ne correspond pas directement à un nombre de chômeurs en moins sur le territoire.
  • Quant au « développement économique », il est évident pour la transition écologique qu’il doit s’articuler avec une nécessaire sobriété.

4- Une étude d’impact qui n’est pas à jour ?

L’étude d’impact de l’extension de la ZAC Jules Verne a été très peu retouchée depuis 2022 malgré deux avis de la MRAE et de nombreuses participations à l’enquête publique relative à la DUP de 2022.

En premier lieu, son périmètre porte toujours sur 73 à 75 ha contre 55 dans le complément « loi sur l’eau ». En conséquence, l’analyse des impacts n’est pas actualisée sur ce nouveau périmètre.

L’impact paysager notamment depuis le site classé de Villers-Bretonneux vers Amiens est toujours trop peu développé, sans simulations photos, ni depuis le cœur du site classé ni depuis les axes de découverte du paysage amiénois. En conséquence, on ne sait pas dans quelle mesure la silhouette amiénoise et ses monuments emblématiques que sont la cathédrale et la tour Perret resteront perceptibles depuis ces secteurs paysagers d’intérêt majeur.

Quant à l’analyse de l’impact du projet sur les émissions de CO2, elle n’est ajoutée qu’au détour d’une étude annexe sur l’air et la santé (elle est donc difficile à trouver à la lecture du dossier), elle ne porte que sur un périmètre de quelques kilomètres autour du projet (alors que l’influence sur l’augmentation des transports s’étend bien au-delà) et, avec le calcul de près de 500 tonnes d’équivalent CO2 émises annuellement sur ce seul périmètre [365 x (22,79 – 21,52)], elle contredit la conclusion d’impact « neutre » faite dans l’étude d’impact. Pourtant, l’urgence climatique constitue avec l’érosion de la biodiversité les principales justification de l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) : l’approbation ou non de tout projet doit aujourd’hui se faire en pleine connaissance de son impact climatique.

5- Une enquête publique trop tardive ?

Enfin, nous souhaitons exprimer notre contrariété quant à l’utilité de l’étude d’impact, de l’enquête publique en cours et de la procédure de demande d’autorisation environnementale dans son ensemble, quand la ZAC est déjà annoncée et l’implantation de Tiamat officialisée alors que l’autorisation n’a pas été donnée et que ses conditions ne sont pas encore connues.

Partager cette information !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *